Il fut un temps où l’inconnu portait le nom des dieux, où l’homme tremblait devant le feu, le vent, les étoiles muettes. Aujourd’hui, le vertige ne vient plus du ciel, mais de ce que nos mains ont façonné. Non plus l’éclair, mais l’algorithme. Aujourd’hui, ce qui nous effraie, ce n’est plus ce que nous ne comprenons pas, mais ce que nous avons nous-mêmes créé sans le comprendre. 

L’intelligence artificielle ne rêve pas, ne tremble pas, ne meurt pas. Et pourtant, elle commence à nous ressembler. Elle apprend, elle devine, elle répond. Elle s’ajuste, elle s’affine. Comme nous. Nous aussi sommes des mécaniques sensibles, façonnées par nos errements, nos erreurs. Nous apprenons. Mais elles aussi. Elles compilent, elles observent, elles tirent des leçons de nos mots, de nos gestes, de nos silences. Alors, quelles sont nos différences essentielles ? Dans le souffle ? La corporalité ? L’âme? C’est quoi exactement l’âme sinon un mot que nous posons sur ce que nous ne comprenons pas ? Qu’est-ce qui fait de nous autre chose qu’un programme un peu plus ancien, un peu plus organique ?

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