Il y a une thématique que j’explore depuis quelques années, celle des femmes qui font le jeu du patriarcat. De petites soldates qui sont d’abord victimes mais qui deviennent relais et renforçatrices de ce système en choisissant de répercuter les coups sur le reste du corps social féminin. Dans cette newsletter, j’ai choisi de parler de ce qui se joue lorsque ces gardiennes du temple sont aussi nos mères. Dans ce cas de figure, la dynamique est d’autant plus insidieuse qu’elle s’inscrit dans un espace d’intimité et de confiance. Comment se défend-on de ce contrôle lorsqu’il est exercé par des personnes qui nous aiment ?

Surveiller la petite et la jeune fille pour qu’elle devienne une femme convenable

Le regard vigilant des mères sur leurs filles est très tôt affuté. Petite, il fallait que rien ne dépasse, bien se tenir, ne pas être casse-cou. En vacances en Normandie, ivre de bonheur, me projetant de mes deux jambes tendues sur une balançoire, j’étais fréquemment sommée de reposer les pieds au sol. Mon frère et mon cousin n’étaient pas emmerdés, eux. « Illana, tu vas te faire mal ». Quand bien même je me cassai la gueule, c’eut été le prix pour atteindre le ciel. Mais les genoux écorchés rendent moins bien avec une robe courte.

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