Aimer, rater, recommencer.
Je le regarde grandir et j’ai parfois envie de faire taire le temps à l’endroit où il rit encore sans retenue, sans honte, sans peur. Parce que je vois déjà les ombres qui se détachent, les angoisses qui le traversent. Et ce vertige: est-ce que ça vient de moi ? Je reconnais ses peurs comme on reconnaît un vêtement qu’on a porté trop longtemps : elles ont ma coupe, mon tissu, mes coutures. Est-ce que je les ai brodées sur lui, sans le vouloir ? Comme si mes erreurs de jugement ou mes choix étaient siens à porter. Le divorce, le pays de résidence, être enfant unique. Et je me demande : où s’arrête l’héritage, où commence la trahison ?
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