Être introvertie est mon super-pouvoir

En êtes-vous aussi doté?

Impudique
4 min ⋅ 13/05/2024

J’ai passé une grande partie de ma vie à penser mon introversion comme un boulet, un truc qui me plombait et entravait mes relations. Adolescente et jeune adulte, je me suis sentie à-côté, inadéquate. Pourquoi ne prenais-je pas de plaisir en soirée comme le reste de mes camarades ? Pourquoi socialiser m’épuisait lorsque la norme était à la fête en compagnie de larges groupes ? Pourquoi me fallait-il être bourrée pour lubrifier mes infimes compétences sociales ? Au seuil de mes 40 ans - avec une nette accélération cette dernière décennie - je réalise que mon introversion est l’inestimable don d’une bonne fée penchée sur mon berceau.

Il est délicat de se rendre compte de la qualité de ce trait dans un monde taillé pour les extravertis. À l’école, sont valorisés les enfants qui prennent la parole spontanément, lèvent la main, s’expriment avec entrain. Tout est fait pour récompenser les aptitudes sociales et l’aisance dans les interactions. J’ai de douloureux souvenirs de CP autour des récitations de poésie ou des moments fatidiques des questions posées à la classe, des mains levées ou de « volontaires » désignés. Je sens encore le frisson le long de l’échine, les mains moites, le cœur qui tambourine lorsque les trois syllabes de mon prénom se détachait des lèvres de l’institutrice. Les veilles de récitations (le lundi soir), j’avais du mal à m’endormir tandis que les mots de Jacques Prévert, Robert Desnos ou Lafontaine virevoltaient dans mon crâne. Je psalmodiais en boucle les vers et rimes, jusqu’à tomber de fatigue. Comme tout introverti qui se respecte, j’étais sur préparée, l’anxiété est un moteur 1850 chevaux.

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Impudique

Par Illana Weizman